Les violences gynécologiques

Sabrina D.L

J’ai souhaité faire cet article car nombreuses sont encore les femmes qui sont victimes de violences gynécologiques dont certaines n’arrivent pas toujours à mettre le « doigt sur ce qu’elles ont vécu, car leur ressenti est souvent diminué, banalisé… ». Il me semble également important de préciser que ces violences gynécologiques sont souvent « subtiles et insidieuses, pouvant prendre la forme de propos culpabilisants ou infantilisants, de choix non éclairés »….et laissant des séquelles…A cet égard, à travers cet article, je partagerais également avec vous mon expérience..

Ce concept est encore un sujet tabou, passé sous silence….alors que ces violences gynécologiques abusives et douloureuses affectent la santé et le bien-être des jeunes femmes et des femmes qui les subissent.

« Il m’est souvent arrivée, 24h-48h après un examen gynécologique, de sentir le spéculum encore implanter, ancrer en moi….des difficultés à m’assoir tellement j’étais douloureuse, avec cette sensation d’avoir des hématomes au niveau de mon vagin. Désormais à chaque examen gynécologique je suis angoissée, j’ai peur… »

Ainsi, cet article a pour vocation d’apporter un éclairage sur les violences gynécologiques…. Les violences gynécologiques, également appelées violences obstétricales et gynécologiques, désignent les abus, les comportements inappropriés, les attitudes méprisantes et les pratiques médicales non consenties subies par les patientes dans le cadre des soins gynécologiques et obstétriques.

Ces violences peuvent se manifester sous diverses formes et ont des conséquences graves sur la santé physique et mentales des femmes.

  • Violences verbales : commentaires désobligeants, humiliations, remarques sexistes ou culpabilisantes, tels que des critiques sur le poids, les choix de vie ou les préférences en matière de contraception.

  • Violences physiques : actes médicaux effectués sans consentement éclairé, usage de la force excessive, interventions douloureuses non nécessaires ou réalisées sans anesthésie appropriée.

  • Violations du consentement : pratiques médicales réalisées sans le consentement explicite de la patiente, telles que des examens invasifs, des épisiotomies non consenties ou des césariennes pratiquées sans information préalable.

  • Violences psychologiques : attitudes paternalistes, infantilisation des patientes, minimisation de la douleur ou des symptômes rapportés par les femmes, intimidation ou menaces pour les pousser à accepter certains actes médicaux.

  • Négligence et manque d’information : refus d’informer correctement les patientes sur leur état de santé, les options de traitement ou les risques associés aux interventions, ce qui les empêche de prendre des décisions éclairées.

Ces violences peuvent avoir des répercussions profondes et durables sur les femmes :

  • Conséquences physiques : douleurs chroniques, complications médicales suite à des interventions mal pratiquées ou non nécessaires.

  • Conséquences psychologiques : stress post-traumatique, anxiété, dépression, perte de confiance en les professionnels de santé, peur de consulter à nouveau.

  • Conséquences sociales : isolement, difficultés dans les relations personnelles et sexuelles, impact sur la qualité de vie.

La relation entre violence gynécologique et endométriose…

L’endométriose est une maladie gynécologique chronique où du tissu semblable à l’endomètre se développe en dehors de l’utérus, causant des douleurs pelviennes sévères, des règles abondantes, et souvent, des problèmes de fertilité. Malheureusement, les femmes souffrant d’endométriose peuvent être particulièrement vulnérables aux violences gynécologiques :

  • Minimisation de la douleur : les plaintes de douleur des femmes atteintes d’endométriose sont souvent sous-estimées ou ignorées. Cette minimisation peut conduire à un retard dans le diagnostic et le traitement, aggravant la souffrance et la progression de la maladie.

  • Diagnostics tardifs ou erronés : l’endométriose prend en moyenne 7 à 10 ans pour être diagnostiquée. Durant cette période, de nombreuses patientes se voient prescrire des traitements inappropriés ou subir des procédures inutiles.

    « j’ai été diagnostiqué à l’âge de 37 ans. Quand je l’ai dit à mon médecin traitant, elle m’a répondu : « ah bah cela explique tous vos symptômes depuis plus de 10 ans…. »

    « Face à mes douleurs, mes pleurs, mes crises car je n’arrivais plus à gérer ces douleurs, cette fatigue chronique…on m’a prescrit du Lithium car on me croyait bipolaire… » Je ne pense pas que je suis la seule femme à avoir vécue ce genre d’expérience… Je pense même que des femmes ont vécu pire et c’est la raison pour laquelle à travers cet article je parle de mon expérience…. Encore une fois il est temps de libérer la parole, ne plus avoir honte de ce que nous avons subi.

  • Interventions non consenties ou mal expliquées : certaines femmes rapportent des interventions chirurgicales ou des traitements hormonaux sans explications suffisantes ni consentement éclairé, ce qui peut augmenter le sentiment de traumatisme de violation

  • Attitudes paternalistes et méprisantes : les patientes se voient parfois traitées avec condescendance ou sont accusées d’exagérer leurs symptômes, ce qui renforce le sentiment d’injustice et de détresse.

Articles avec témoignages de violences gynécologiques :

- https://www.francetvinfo.fr/societe/violences-faites-aux-femmes/enquete-franceinfo-d-anciennes-patientes-de-la-secretaire-d-etat-chrysoula-zacharopoulou-temoignent-de-violences-gynecologiques-ou-verbales_5214313.html3

- https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/paris-le-gynecologue-emile-darai-mis-en-examen-pour-violences-volontaires-sur-32-femmes-1669303818

A l’heure actuelle, il y a des recommandations pour améliorer les soins, tels que :

  • L’éducation et la formation des professionnels de santé, afin de sensibiliser et former les professionnels de santé à reconnaitre les symptômes de l’endométriose et écouter les patientes avec empathie et respect.

  • Le diagnostic précoce et précis, de manière à réduire le délai entre l’apparition des symptômes et le diagnostic

  • Consentement éclairé et information complète, afin de s'assurer que les patientes reçoivent toutes les informations nécessaires sur leur condition et les options de traitement, et qu’elles consentent librement et en toute connaissance de cause à toute intervention.

  • Suivi et soutien continus dont l’objectif est de mettre en place des systèmes de suivie et de soutien pour les femmes atteintes d’endométriose, incluant des services de gestion de la douleur et de soutien psychologique.

Cette semaine, j’ai appelé le CHR pour prendre un rendez-vous pour mon suivi de l’endométriose. La secrétaire me prévient que la personne qui me suivait est partie (la troisième en à peine 2 ans…) et que pour le moment il n’ y a pas de nouvelle personne et qu’elle me met sur la liste d’attente… Je crois qu’au sujet du suivi il y a des progrès à fournir…

Je me permets de rappeler qu’aujourd’hui notre système de santé est extrêmement fragile avec du personnel soignant (paramédical et médical) en réel souffrance. Quand bien même si le gouvernement rédige des stratégies nationales pour lutter contre cette maladie (ou autre comme les violences gynécologiques), s’ils ne prennent pas sérieusement en considération la souffrance de ces personnes (dont nous avons besoin pour nous soigner, nous suivre, nous soutenir) comment pouvons-nous croire qu’ils prennent réellement au sérieux notre souffrance…notre maladie….notre santé !

Recherche et sensibilisation dans le but d’ encourager la recherche sur l’endométriose pour améliorer les traitements et sensibiliser le public et les professionnels de santé sur cette maladie.

Ci-dessous, le lien vers la « Stratégie nationale DE LUTTE CONTRE L’ENDOMÉTRIOSE » (Février 2022) https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/strategie-endometriose.pdf

Les femmes atteintes d’endométriose sont particulièrement vulnérables aux violences gynécologiques en raison de la nature chronique et souvent invalidante de leur maladie. Cet article met en lumière l’importance de reconnaître et de traiter ces violences afin d’améliorer la qualité des soins et la qualité de vies des patientes. Mais où en sommes-nous réellement aujourd’hui… en 2025 ?

Qu’ en pensez-vous ?

Je sais qu’il existe différentes association Française de lutte contre l'Endométriose mais je vois encore beaucoup (trop) de jeunes filles sur les réseaux sociaux relatant leur expérience face à cette maladie, leur souffrance et probablement derrière cette souffrance beaucoup de non-dit… Alors, je vous invite dans cet article (comme dans les autres articles) de révéler ce qui n'est pas explicitement dit, ce qui est caché ou implicite dans vos discours….d’extérioriser les non-dits pour vous libérer de « ce poids » qui vous puise tellement d’énergie au quotidien…

Le temps est venu de prendre réellement soin de vous…

Sabrina D.L.